En 2024, une étude de McKinsey estime que 50 % des salariés devront acquérir de nouvelles compétences d’ici 2030 pour rester performants dans leur métier. Ce chiffre illustre un enjeu majeur pour les entreprises : la durée de vie des compétences techniques est désormais inférieure à 3 ans dans de nombreux secteurs, notamment ceux touchés par la digitalisation et l’automatisation. Des problématiques de gestion des compétences se développent de plus en plus au sein des entreprises.
Ce phénomène, appelé obsolescence des compétences, fragilise l’employabilité des collaborateurs et ralentit la compétitivité des organisations. Les métiers se transforment plus vite que les parcours professionnels, laissant parfois les travailleurs démunis face aux évolutions technologiques, aux nouveaux outils et aux changements organisationnels.
Qu’est-ce que c’est l’obsolescence des compétences ?
L’obsolescence des compétences désigne le phénomène par lequel une compétence — qu’elle soit technique ou comportementale — perd de sa valeur et de sa pertinence dans le contexte professionnel du collaborateur. Autrement dit, ce que le salarié savait faire ne correspond plus aux besoins réels du poste ou du métier face à l’évolution du travail.
Cette perte de pertinence peut venir de plusieurs mécanismes :
- obsolescence économique : une technique, un outil, une méthode devient dépassée (ex. ancien langage de programmation remplacé par un nouveau) ;
- oubli organisationnel : certaines compétences « internes » à l’entreprise se perdent du fait du départ de salariés ou du manque de transfert ;
- obsolescence physique ou cognitive : avec le temps, certaines aptitudes diminuent (vitesse, mémoire, capacités motrices) ;
- obsolescence perspectiviste : les représentations, les croyances sur le métier ou le travail deviennent dépassées (ex. “on ne fait plus ce type de tâches manuelles”).
Selon le Cedefop, l’obsolescence des compétences correspond à une situation où les savoirs et compétences ne sont plus d’actualité ou ne sont plus demandés.
On observe que la durée de vie d’une compétence technique est aujourd’hui très réduite : certaines sources avancent environ 2 ans comme durée moyenne de pertinence.
Autre repère marquant : en 2025, la Commission de la certification de France compétences a actualisé la liste de métiers en évolution ou émergents, soulignant que le rythme d’obsolescence est plus rapide qu’auparavant.

Pourquoi ce phénomène existe ?
Ils existent plusieurs raisons expliquant l’obsolescence des compétences, voici quelques exemples :
Progrès technologiques rapides : Le déploiement de l’intelligence artificielle, de l’automatisation, des nouvelles interfaces (IA, no-code, big data) bouleverse les méthodes de travail. Une compétence technique acquise hier peut être inutile demain.
Complexification et hybridation des métiers : Les postes exigent de plus en plus un mix “technique + comportemental”, une adaptabilité, une polyvalence. Le collaborateur doit pouvoir évoluer, se repositionner selon les besoins émergents.
Évolution des attentes organisationnelles : La stratégie de l’entreprise change (digitalisation, transition écologique, nouveaux marchés) : les compétences prioritaires évoluent. Ce n’est plus le poste figé mais le contenu du travail qui se modifie.
Rotation, mobilité, turnover : Le départ de salariés sans transfert ou sans capitalisation contribue à la perte de certaines compétences internes. L’oubli organisationnel s’installe.
Allongement des carrières et renouvellement générationnel : Un salarié exerce pendant 30 ou 40 ans : sur longue période, ses compétences doivent évoluer, sinon le décalage avec les exigences métier s’accentue.
Facteurs physiologiques ou cognitifs : Avec l’âge ou des contraintes personnelles, certaines capacités peuvent diminuer (vitesse de traitement, mémoire à court terme), impactant des compétences.
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Les profils les plus touchés par l’obsolescence des compétences
Tous les salariés peuvent être concernés, mais certains profils sont plus vulnérables :
- Les salariés seniors
Avec 50–55 ans, le risque d’obsolescence est plus fort. Le CEDEFOP observe qu’en France, 31 % des travailleurs de 50 à 55 ans sont concernés contre 21 % pour les 30-39 ans.
Ils peuvent avoir des savoir-faire techniques “figés” ou moins d’opportunités de formation. - Les travailleurs peu qualifiés ou aux compétences “de base”
Ces profils disposent souvent de peu de marge de manœuvre pour monter en gamme ou anticiper les transformations métier. - Les salariés surqualifiés ou dont le poste n’exploite pas leurs compétences
Le “sous-emploi” peut provoquer l’atrophie progressive de compétences peu mobilisées. - Les métiers fortement techniques ou fortement exposés à l’innovation
Les secteurs IT, digital, industrie 4.0, data, etc., voient leurs compétences évoluer sans cesse. - Les professionnels dans des environnements stables
Ceux qui évoluent peu, dans des entreprises immobiles, risquent de décrocher plus vite.
En réalité, l’obsolescence est un défi transversal.
Pourquoi est-il important de lutter contre obsolescences des compétences
Ignorer ce phénomène est risqué, tant pour le collaborateur que pour l’entreprise. Plusieurs conséquences majeures se dessinent :
- Perte de compétitivité de l’entreprise
Quand une équipe ne dispose plus des compétences nécessaires pour innover ou répondre aux marchés, l’organisation ralentit. Le pilotage stratégique devient plus hasardeux. - Risque de désalignement stratégique
Si les compétences internes ne suivent pas les orientations business, les projets ne peuvent pas être menés. - Baisse de motivation et sentiment d’inadéquation des collaborateurs
Le collaborateur se sent dépassé, peu valorisé, en risque de désengagement ou de départ. - Coûts de recrutement élevés
Plutôt que de développer en interne, l’entreprise devra recruter des experts externes plus coûteux. - Risque de vacance ou de pénurie de compétences clés
Certains postes clés peuvent rester sans remplaçant compétent si le savoir disparaît (ex. expert technique, métier de niche). - Responsabilité sociale et employabilité
En tant qu’employeur, garantir la montée en compétences de ses salariés est une forme de “sécurité sociale interne” : l’entreprise préserve l’employabilité de ses collaborateurs.
Ainsi, lutter contre l’obsolescence est une démarche gagnant-gagnant entre le salarié et l’entreprise.
Les différentes actions à mettre en place
Pour contrer ce phénomène, les RH peuvent déployer un arsenal d’actions. Voici les leviers essentiels, décrits en profondeur :
Cartographie, diagnostic et identification des compétences manquantes (GPEC / GEPP)
Pour lutter efficacement contre l’obsolescence des compétences, la première étape consiste à connaître précisément le capital de compétences de l’entreprise. Trop d’organisations se limitent à une vision des postes et des missions, sans identifier les savoir-faire et savoir-être réels qui les soutiennent. C’est là qu’interviennent la cartographie des compétences et la GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences).
La cartographie consiste à dresser un inventaire des compétences techniques et comportementales disponibles dans l’entreprise : qui sait faire quoi, à quel niveau, et dans quel contexte ? Cette photographie permet de détecter rapidement les écarts entre les besoins actuels ou futurs et les ressources disponibles. La GPEC, elle, donne une dimension stratégique à cet exercice : elle relie les compétences cartographiées aux objectifs à moyen et long terme de l’entreprise. Grâce à elle, les RH peuvent anticiper les évolutions des métiers, prévoir les besoins de montée en compétences et planifier les recrutements ou les formations nécessaires.
L’association des deux approches crée un puissant levier : l’entreprise n’agit plus en réaction à l’obsolescence des compétences, elle la devance. En intégrant régulièrement ces données dans les entretiens professionnels, les revues de performance et les tableaux de bord RH, les décideurs disposent d’une vision claire pour orienter leurs plans de développement et réduire les écarts critiques.
Faire apprendre aux collaborateurs : le rôle de la formation
La formation continue est le pilier central de la lutte contre l’obsolescence des compétences. Sans renouvellement permanent des savoirs, même les talents les plus performants finissent par voir leurs acquis se déprécier.
Former, c’est bien plus que dispenser des cours : c’est construire un écosystème d’apprentissage. Les entreprises qui réussissent dans ce domaine offrent à leurs salariés des parcours flexibles et adaptés à leurs besoins : sessions présentielles, classes virtuelles, modules e-learning, tutoriels vidéo ou encore AFEST (Action de Formation En Situation de Travail). Ces formats rendent l’apprentissage accessible et immédiat, directement lié aux réalités du poste.
En parallèle, la formation doit être encouragée comme une pratique culturelle : encourager la curiosité, valoriser les efforts d’apprentissage, reconnaître les progrès. Lorsqu’un collaborateur comprend que sa montée en compétences est bénéfique à la fois pour lui et pour son organisation, il s’engage davantage et adopte une posture proactive face aux changements.
Améliorer les compétences : reskilling et upskilling
- Upskilling : renforcer les compétences existantes d’un salarié pour les adapter à de nouveaux outils, technologies ou méthodes de travail. Par exemple, un contrôleur de gestion formé à l’utilisation d’outils de data visualisation ou d’IA prédictive.
- Reskilling : former un collaborateur à un nouveau métier ou à des compétences entièrement différentes, lorsque celles de son poste actuel deviennent obsolètes. Par exemple, reconvertir un technicien de maintenance industrielle vers un rôle de coordinateur de robots automatisés.
- Formation personnalisée : ajuster les contenus pédagogiques aux besoins réels de chaque salarié grâce à la data RH issue des entretiens et de la GPEC.
- Accompagnement managérial : intégrer le suivi de l’upskilling et du reskilling dans les objectifs d’équipe et les entretiens professionnels pour garantir leur ancrage.
Transfert de compétences et capitalisation
Un savoir ne doit pas rester dans la tête d’une seule personne. Voici comment assurer son passage :
- Mentorat, tutorat, “shadowing”
Un expert accompagne un moins expérimenté pour transmettre son savoir-faire. - Documentation, guides, wikis, base de connaissances
Capitaliser les méthodes, les meilleures pratiques, les retours d’expérience. - Rotation de poste ou mobilité interne
Permet d’exposer les collaborateurs à des contextes différents, de diversifier les compétences et de créer des ponts entre métiers. - Projets transverses, “communautés de pratique”
Donner des espaces d’échange où les salariés partagent des compétences liées aux nouveautés.
Renforcement des soft skills et compétence comportementales
Même si elles sont moins sensibles à l’obsolescence technique, les soft skills méritent une montée continue :
- Agilité, adaptabilité
- Esprit critique
- Communication, collaboration
- Résilience, curiosité
Ces compétences permettent au collaborateur de s’ajuster face au changement, d’apprendre plus vite et de s’auto-adapter.
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Les risques de ne pas renouveler les compétences dans l’entreprise
Ne pas agir expose à des conséquences lourdes :
- Désavantage concurrentiel face aux entreprises agiles
- Difficulté à répondre aux évolutions technologiques
- Talents qui quittent l’entreprise (turnover)
- Coût élevé du recrutement externe
- Rupture de trajectoire métier pour les salariés
- Déficit d’employabilité et impact social
- Potentiel “gouffre de compétences” dans le futur
Le risque de “compétence manquante critique” est particulièrement redouté : un poste clé sans personne capable de le reprendre.
Comment un logiciel d’entretien et de GPEC permet de lutter contre l’obsolescence des compétences
Une solution comme Skeely, spécialisé dans la gestion d’entretiens, de formation, d’objectifs et de GPEC, devient un levier stratégique dans la lutte contre l’obsolescence. Voici comment :
Centralisation et cartographie des compétences
Le logiciel permet de structurer un référentiel de compétences dynamique. Chaque poste est lié à des compétences cibles (hard + soft), et chaque salarié est évalué selon ce référentiel.
On peut ainsi comparer les compétences détenues vs. attendues, identifier les “compétences manquantes” automatiquement et prioriser les besoins à adresser.
Suivi des entretiens et évaluation
Les entretiens (professionnels, évaluations) enregistrés dans l’outil permettent d’intégrer les axes de développement compétences dans le dialogue entre collaborateur et manager. Les écarts identifiés deviennent des objectifs à faire évoluer.
Plans de formation personnalisés
L’outil peut générer des plans de développement personnalisés liés aux compétences à renforcer. On peut associer des modules, des sessions, des parcours (upskilling, reskilling) à chaque collaborateur.
Pilotage et indicateurs RH
Grâce à des tableaux de bord, le logiciel donne des indicateurs : pourcentage de compétences renouvelées, taux de formation, progression dans les compétences stratégiques, temps passé en formation, etc. Cela permet de piloter l’efficacité de la stratégie compétences.
Transfert et capitalisation
Dans l’outil, on peut documenter les pratiques, partager des tutoriels internes, suivre les mentors, capitaliser les retours d’expérience. Cela facilite le transfert de savoir et la mémoire collective.
Adaptabilité en temps réel
Le logiciel permet des mises à jour régulières du référentiel compétences, des réajustements selon l’évolution des métiers, et d’anticiper par des scénarios futurs. Ainsi, on évite une GPEC figée.
Collaboration et engagement
Skeely peut impliquer collaborateurs et managers : chacun accède à son dashboard, à ses objectifs compétences, voit sa trajectoire, vote pour des priorités, propose des formations. L’outil devient un moteur d’adhésion.
Grâce à cette synergie, l’outil rend la gestion des compétences vivante, opérationnelle et directement reliée à la stratégie métier.
Faq : L’obsolescence des compétences
Est-ce que les hardskills et les softskills sont touchés par ce phénomène
Oui. Les hardskills (compétences techniques, outils, méthodologies) sont ceux qui subissent le plus fortement l’obsolescence, car la technologie évolue vite. Une compétence technique peut devenir dépassée en quelques années, voire moins.
Mais les softskills (compétences de comportement) ne sont pas immunisées : les attentes du travail changent (collaboration, résilience, adaptation, agilité). Ainsi, un style de management ou une posture valorisée hier peut être remis en question demain. Le salarié doit ajuster ses soft skills en fonction des nouveaux défis (ex. télétravail, hybridation).
Cependant, les softskills ont souvent une durée de vie plus longue, car elles sont plus génériques et transversales. Elles constituent un “filet de sécurité” pour l’adaptation face à l’évolution métier.
La GPEC (ou GEPP) est au cœur de la stratégie :
- Elle structure la gestion des compétences de manière prévisionnelle, permettant d’anticiper l’évolution des besoins.
- Elle permet de fixer un lien entre la stratégie métier et les compétences à développer, via des plans de développement.
- La GPEC rend possible l’identification des compétences manquantes à l’échelle collective et individuelle.
- Elle structure le dialogue social, la négociation d’entreprise (en France, obligation triennale) autour des métiers, des emplois et des compétences.
- Dans le contexte de la GEPP, elle oriente aussi les parcours professionnels et l’employabilité durable.
Sans GPEC structurée, la lutte contre l’obsolescence reste artisanale et peu pérenne.